Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement

Coopérative Garukiruburimyi : Ses Mutuelles de Solidarité (MUSO) franchissent une étape importante dans l’autofinancement

Difficile accès aux services financiers pour les associations et coopératives agricoles, une problématique classique à laquelle la CAPAD essaie tout doucement de trouver des pistes de solution par la mise en place des mutuelles de solidarité (MUSO). Depuis 2008, ce système de financement interne, simple et souple, permet aux membres d’accéder aux micros crédits pour le financement des activités génératrices de revenus à travers la caisse verte. Démarré dans 4 provinces dont Bujumbura, Bubanza, Kayanza et Ngozi, le programme s’est vite répandu sur tout le territoire national. Aujourd’hui, on dénombre plus de 365 MUSO réparties dans plusieurs provinces du Burundi. Les membres des MUSO sont majoritairement des femmes. La CAPAD poursuit sa campagne de sensibilisation pour la création de nouvelles MUSO dans ses zones d’action afin que tout agriculteur soit membre d’une MUSO.

Se regrouper en MUSO est sans précédent une meilleure voie d’accompagnement et développement économique des paysans en attendant le recours aux institutions financières ou banques.

« Auparavant, pour créer et gérer un petit projet, je faisais recours aux usuriers qui me prêtaient de l’argent à condition que je paie le double. Souvent, je vendais des champs pour honorer mes engagements. En adhérant à la mutuelle de solidarité Twiyungunganye, j’accède facilement au crédit à un taux d’intérêt favorable. Je me suis d’ailleurs déjà acheté un champ où je cultive actuellement du manioc. La production a augmenté car j’accède facilement aux intrants agricoles », constate avec bonheur André Nsanguye de la colline Nyange, zone Mihigo dans la commune de Busiga et président de MUSO Twiyungunganye.

La Mutuelle a démarré avec un capital mensuel de 300Fbu par membre, 250Fbu pour la caisse verte (pour l’épargne) et 50Fbu pour la caisse rouge (pour l’entraide). Les membres ont revu à la hausse la cotisation, la faisant passer jusqu’à 1500Fbu. Le cumul des cotisations s’élève à 4 millions de francs burundais. Au début, un membre pouvait avoir un crédit de 50.000Fbu remboursables en un mois sur un taux de 5%. Après la majoration des cotisations, le plafond des emprunts est de 400.000Fbu remboursables en six mensualités sur un taux de 2%.

Un comité de crédit suit de près les bénéficiaires des crédits. Si un bénéficiaire connait des problèmes familiaux remarquables (maladie par exemple) et se trouve dans l’incapacité de rembourser, il reprend l’opération tout de suite après la guérison. Afin d’éviter le non remboursement, Twiyungunganye exige une garantie. Le fonctionnement est quasiment le même dans les autres mutuelles de solidarité. Avec un dépôt de près de 3.700.000Fbu, Dukorerehamwe exige une cotisation de 500Fbu dont il faut déduire 100Fbu d’entraide et les crédits sont octroyés sur un taux de 4%.

A la MUSO Dushigikirane, la cotisation de départ était de 500Fbu. Elle a été haussée jusqu’à 1000Fbu. Béatrice Congera, de la colline Mihigo, est présidente de la MUSO Dushigikirane ; elle est mariée et mère de 7 enfants. Elle reconnait le progrès atteint grâce à la MUSO.

Témoignages des membres des MUSO

N’eut été la MUSO, ma boutique serait tombée en faillite, déclare M Barajoja, enthousiaste. « Avant d’adhérer à la MUSO, ma famille était pauvre. Avec l’emprunt contracté dans la MUSO, j’ai pu réaliser beaucoup de projets comme le petit commerce et je suis arrivé à constituer une boutique. Grâce aux activités génératrices de revenus, ma famille n’éprouve plus de difficultés comme le manque de nourriture. Le deuxième crédit de 400.000Fbu a rapporté des intérêts. Ce qui m’a permis d’acheter une propriété de 700.000Fbu et une vache de race améliorée. J’accède facilement au fumier et au lait. J’ai aussi construit une maison en tuiles et les activités commerciales restent prospères, » confirme M. Barajoja.

Anastasie Nyabenda est la seule femme adhérente parmi les seize membres de la MUSO Twiyungunganye. Cette brave dame interpelle les autres femmes à adhérer à la MUSO car personne ne peut se développer moralement et économiquement sans s’associer aux autres.

« A mon entrée à la MUSO, j’étais très démunie. Comme le fardeau familial pesait lourdement sur moi, j’ai sollicité un crédit de 30.000Fbu pour acheter une chèvre pour avoir du fumier. Le remboursement a duré trois mois. La reproduction de cet animal m’a permis de subvenir régulièrement à mes besoins. Ensuite, j’ai contracté un crédit de 80.000FBu pour acheter deux porcs. Ceux-ci ont généré des revenus de façon spectaculaire ainsi que du fumier. La famille est très satisfaite. Le troisième crédit était de 200 000FBu. Celui-ci a été partagé équitablement avec mon mari pour faire le commerce de chèvres. Cette activité a engendré des intérêts. J’ai contracté un autre crédit de 290 000FBu en vue de majorer les avoirs de mon mari et nous avons acheté une propriété foncière de 700 000FBu. »

Mme Nyabenda se félicite de la situation financière que connait sa famille grâce à la MUSO.

Goreth Uwitonze est membre de la MUSO Dukorerehamwe. Avant la création des MUSO, elle devait faire recours aux micro-finances comme UCODE ou aux voisins moyennant l’échange en nature du café cerise communément appelé « umugwazo » pour faire business. A l’adhésion à la MUSO, tout est arrangé. Les intérêts générés reviennent aux mem-bres d’une manière ou d’une autre, indique Mme Uwitonze.

« Je suis veuve avec 5 enfants. A la mort de mon mari, je ne voyais pas quoi faire pour survivre. Le crédit de 40.000Fbu accordé par la MUSO m’a permis de faire un petit commerce de bananes et de légumes. Je suis parvenue à payer les frais de scolarité de mes enfants. Le fruit de la MUSO se manifeste chez moi car le fils ainé vient de décrocher son diplôme des humanités techniques A2. D’ici 2 ans, deux autres vont terminer les humanités générales. Je confirme sans hésiter que la MUSO a valablement remplacé mon mari dans l’éducation de mes enfants. » Mme Uwitonze condamne fermement la pratique d’usure car elle est profitable à l’usurier et ruine la prospérité du producteur.

MUSO est plus qu’une banque, dit Mme Congera. Elle accorde un prêt agricole de plus ou moins 300.000Fbu, payable à la récolte. Elle ne manque pas à chanter l’importance des associations de financement : « Depuis la création de la MUSO, j’ai bénéficié d’une initiation à l’épargne de la part de la CAPAD. L’épargne m’a servi à résoudre les différents problèmes d’ordre socio-économiques, entre autres le payement des frais de scolarité des enfants, les soins de santé, l’achat des semences, etc. Aussi, j’ai bénéficié d’un crédit pour acheter une chèvre. Elle a mis bas deux petits dont un bouc. Celui-ci sera vendu pour acheter une chèvre. »

Avec MUSO Dushigikirane, les besoins familiaux sont recouverts sans recourir aux spéculateurs ni aux emprunts exigeant des intérêts exorbitants. Comme les portes des MUSO sont ouvertes à tout le monde, Mme Congera lance un appel vibrant aux non associés d’adhérer pour alléger les problèmes des producteurs liés au financement des activités agricoles.

Avec 3 ans d’expérience, Jean Marie Minani de la MUSO Dushigikirane, a connu un développement incroyable des richesses. Il apprécie les avantages bénéficié de la MUSO et éprouve sa satisfaction.

« Je me suis marié dans une maison modeste, mais après mon adhésion, tout a changé. Je faisais le commerce des régimes de bananes avec un capital très minime. Avec un crédit de 700.000Fbu, j’ai couvert ma maison de tuiles. J’ai aussi fait un commerce et les intérêts ont servi au remboursement du crédit. J’ai encore bénéficié d’un crédit de 500.000FBu pour renforcer le commerce et pour acheter une propriété foncière. » Tous les membres des MUSO reconnaissent le rôle novateur de la CAPAD. Ils demandent à celle-ci de continuer les formations pour que toutes les MUSO aient des responsables capables d’accomplir leur mission entre autres le remplissage des livres de caisse.

La coopérative compte en ce moment deux membres formés dont André Nsaguye et Mme Godefride Ndayishimiye, présidente de la coopérative Garukiruburimyi. Initiatrice des MUSO dans ladite coopérative, Mme Godefride se félicite du pas franchi mais indique son inquiétude.

« Nous aussi, serions concernés par la formation/recyclage car, il y a des rubriques qui peuvent nous échapper pendant le remplissage des six livres que chaque MUSO doit tenir, » précise Godefride. Pour Mme Ndayishimiye, quand bien même la CAPAD se désintéressait des MUSO ou s’implanterait dans d’autres provinces, les MUSO créées resteront vivantes. Elle sensibilise d’ailleurs les gens qui n’ont pas encore adhéré à le faire très prochainement. La MUSO crée des opportunités permettant de s’auto-développer sans difficulté. L’avaliseur n’a pas de place pour obtenir un crédit comme ça se fait à la banque ou au micro finance. Ces derniers vendront les propriétés de ceux qui ont connu des problèmes de remboursement. Elle souhaite néanmoins que les MUSO soient au stade des micros finances. Signalons que la coopérative Garukiruburimyi de la commune Busiga province Ngozi enregistre des résultats très satisfaisants dans la génération des revenus à travers les cotisations et les crédits contractés auprès des MUSO. Cette coopérative compte actuellement 17 MUSO. Le cumul des cotisations permettent d’octroyer actuellement d’un coup, les crédits allant de 4 à 6 millions de francs burundais aux membres comme certains membres des MUSO visitées l’ont indiqué.


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