Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement

Les femmes rurales sont capables de s’autonomiser

Témoignage de NTIRAMPEBA Odette

1. Rôle et la place de la femme dans l’agriculture

NTIRAMPEBA Odette est une femme mariée de 47 ans, mère de 3 enfants. Elle est native de la colline Kinyinya III, commune Mutimbuzi, province de Bujumbura rurale. Elle vit principalement de l’agriculture qui pour lui prend la première place dans son foyer. Elle cultive du riz, des légumes de toutes sortes dans les marais. Ce métier, lui permet d’avoir du minerval pour ses enfants et de se procure de l’argent pour l’achat des habits et de la nourriture. Odette a témoigné qu’en l’an 2002, sa famille habitait dans une maison couverte de paille. En 2005, elle a commencé à cultiver des légumes, patate douce, haricot et maïs. Après la vente de la récolte de ces cultures, elle a emprunté un champ de 30 mètres sur 50 mètres pour trente mille franc (30000F) dans le but d’y cultiver du riz. Elle a récolté 6 sacs de riz qu’elle a vendu pour acheter des tôles à couvrir sa maison de famille qui laissait entrer la pluie dedans au paravent.

« En 2008, nous avons fabriqué des briques no cuites et j’ai acheté 2 bens de pierres et j’ai couvert ma maison en ajoutant d’autres 15 tôles. En l’an 2013 et 2014, nous avons obtenu des marchés du riz à l’endroit du Programme Alimentaire Mondiale (PAM). En 2014 et 2015, parmi les 150 tonnes de riz que nous avons vendu dans l’association dont je suis membre, 8 tonnes m’appartenaient. En l’an 2015, en ajoutant une autre somme qui j’ai obtenu dans la vente d’autres récoltes des différentes cultures, j’ai construit une belle maison. » Odette a continué en disant que dans sa famille en plus des activités agricoles, du commerce de la boutique et du riz dans les machines décortiqueuses qui lui enchantent dans son travail de tous les jours, elle s’occupe aussi de l’élevage du petit bétail. Elle a 2 vaches, 5 chèvres et 2 poules.

Elle occupe la première place dans l’assurance des fonctions vitales du ménage comme l’éducation des enfants, la prise en charge des malades, cultiver les denrées alimentaires ainsi que d’autres tâches ardues et longues (comme le nettoyage, la cuisine, la collecte d’eau et de bois de chauffage, le désherbage. Elle produit, transforme et prépare la plupart des aliments qui sont disponibles, ce qui signifie que la responsabilité en matière de sécurité alimentaire lui incombe principalement. Elle apporte aussi des contributions à sa communauté et nation.

2. NTIRAMPEBA Odette a-t-elle des fonctions bien à elle ?

Odette est une cheftaine de la colline Kinyinya III (de 2005 à nos jours), zone de Rukaramu, commune Mutimbuzi, province de Bujumbura rurale. Elle est l’une des leaders de la Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement « CAPAD » en sigle. Elle est aussi présidente du forum des femmes dans la zone Rukaramu composé de 5 collines de Kanyinya I, II, III et Kigwati I et II. Elle s’est lancé sans complexe dans les compétitions électorales et a été élu parmi les 15 femmes de la colline Kanyinya III et est devenue présidente de ce forum.

Elle a révélé que les groupes communautaires locaux de femmes doivent avoir davantage voix au chapitre dans les processus décisionnels qui les concernent et que les normes culturelles peuvent restreindre la participation des femmes, ce qui signifie que les besoins spécifiques des femmes rurales sont rarement entendus ou pris en compte. Par conséquent, les défis auxquels les femmes rurales sont confrontées restent souvent sans réponse. Cependant, pour lui, améliorer la confiance en soi des femmes, leur offrir une formation à la prise de parole en public et au leadership, renforcer les organisations des femmes rurales et établir un niveau minimum de représentation aux débats politiques sont autant de moyens de s’assurer que les voix des femmes rurales ont plus de chances d’être entendues et que la transformation rurale peut être véritablement inclusive.

3. Odette a -t-elle créé une association ou mis en place une coopération entre femmes ? Et pourquoi ?

Odette a dit qu’elle a créé en 2004 une association appelée NTIMWIHEBURE EJO NI HEZA composé de 16 membres dont 14 femmes. Elle était secrétaire. Dans cette association ; ils cultivaient des légumes. En 2006, elle a fait enregistrer cette association dans la commune.

Elle a continué en disant : « l’objet de cette association était de mettre en commun leur force pour intensifier les activités agricoles car ils cultivaient des légumes et celles-ci leur procuraient un peu de revenu. L’union fait la force car une fois que les femmes sont groupées dans une association, elles brisent le silence et commencent à s’ouvrir au monde extérieur grâce aux différentes rencontres organisées dans cette association, ainsi que grâce aux échanges d’expérience des unes et des autres. C’était aussi pour motiver les femmes qu’elles sont capables de produire au lieu de dépendre sur leurs maris pour satisfaire aux besoins familiaux et elle voulait les interpeller pour les impliquer dans les activités génératrices des revenues.

4. Quelles sont les joies et difficultés rencontrées ?

NTIRAMPEBA Odette a indiqué que lui et les autres femmes rurales sont confrontées par le manque des semences sélectionnées en quantité suffisante, les produits phytosanitaires et maladies des plantes qui quelquefois ravagent leurs champs et qu’elles sont aussi vulnérables aux effets du changement climatique – sécheresse, inondations et déboisement. Avec le changement climatique, les sources alimentaires traditionnelles se raréfient et deviennent moins prévisibles. « Nous sommes confrontées aux pertes de revenus et de récoltes, qui sont souvent notre seule source de revenus et d’alimentation. Nous sommes aussi confrontées à l’ignorance, les coutumes, l’analphabétisme qui réduit nos chances d’accéder à un travail rémunéré. »

5. Odette est -elle impliquée dans une OP ? Quels bénéfices retire-t-elle de cette OP ?

Odette est présidente de la coopérative GIRUMWETE DUKORE composé de 678 membres dont 400 femmes avec un comité exécutif composé de 9 membres dont 4 femmes et 5 hommes et un comité de surveillance composé de 1 femme et 2 hommes.

NTIRAMPEBA Odette remercie vivement la CAPAD pour avoir soutenu sa coopérative. Elle a dit qu’en 2006 quand son association NTIMWIHEBURE EJO NI HEZA à travers l’agronome communal de MUTIMBUZI, la Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement CAPAD en sigle les a trouvés sur terrain quand ils cherchaient des gens groupés en associations. Elle les a demandés ce qu’ils ont besoins pour se développer. Ils ont énuméré leurs besoins et la CAPAD les a donnés des semences sélectionnées, des outils utilisables pour puiser de l’eau et 48 chèvres (chaque membre de l’association a reçu 3 chèvres) pour les élever afin d’avoir de la fumure animale pour fertiliser leurs champs. La CAPAD a mis aussi à leur disposition un agronome pour les former sur comment pratiquer l’agriculture moderne.

Elle a continué en disant qu’en 2006, la CAPAD a sensibilisé les petits groupements de se regrouper pour former des coopératives et plus de 200 personnes de différents petits groupements tels que NTIWIHEBURE EJO NI HEZA, ABAGWIZAMWIMBU, ONGERITERAMBERE, GEZAHO SIDA en provenance de différentes collines se sont regroupées pour former la coopérative GIRUMWETE DUKORE composée de 678 membres dont 400 femmes. Cette coopérative dont Odette NTIRAMPEBA est présidente a mis en place elle-même ses comités exécutifs et de surveillance.

Odette a dit que les coopératives qui sont nées grâce aux sensibilisations et mobilisation de la CAPAD ont bénéficiées des formations de renforcements de capacités en compétences techniques, en gestion financière (y compris l’importance de l’épargne), en organisation de groupe et en leadership et bonne gouvernance et a mis aussi en place des outils adaptés pouvant aider les membres des coopératives ou associations à pouvoir accéder au petits crédits. Elle a donné l’opportunité à ces coopératives d’échanger des idées et expériences avec les autres membres des coopératives ou associations des autres pays pour contribuer à leur autonomisation, à leur développement et au développement du monde entier. Elle a aussi aidé les coopératives ou associations à développer des activités génératrices de revenus et d’user des pratiques agricoles durables restaurant et améliorant la fertilité des sols.

« La CAPAD m’a renforcé les capacités dans différents thèmes en m’envoyant en province Kirundo pour participer à un atelier de formation sur la culture moderne du riz ; à Burkina-Faso pour voir comment la transformation du riz se fait, là j’ai visité le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage de ce pays, les dépôts du riz du PAM (Programme Alimentaire Mondial) et j’ai échangé avec les paysans pilotes multiplicateurs des semences sélectionnées. Grace à la CAPAD, j’ai aussi visité le Benin dans le but de voir comment on emballe le riz de 2 ou 5 kilogrammes. Au Kenya, j’ai participé à une réunion qui rassemblait les autres producteurs, là nous avons échangé sur ce qu’il faut faire pour que le producteur aboutisse au développement durable et au Rwanda j’ai participé à une formation de renforcement des capacités. Cette formation a vu la participation des paysans pilotes en provenance des pays du Burundi, Kenya, RDC et ceux du Rwanda, a révélé NTIRAMPEBA Odette. »

Elle a continué en disant qu’après avoir été renforcé ses capacités, elle a cultivé un champ modèle. Avant, elle y semait 30 kgs de riz et récoltait 300kgs de riz mais après les renforcements de capacité dans ce même champ, elle y semait 10 kilogrammes et récoltait 1tonne de riz. Son champ servait de modèle aux autres membres de la coopérative et aux gens qui venaient dans différentes régions du Burundi pour apprendre comment la culture moderne du riz se fait. Le renforcement de capacité a permis Odette d’être reconnue et octroyé des cadeaux : « L’agronome communal et le Directeur Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage de Bujumbura rural quand ils organisent une réunion en rapport avec le développement, ils m’invitent quelques fois pour aller contribuer mes idées. Ils m’ont invité d’aller à JENDA où on m’a donné un cadeau composé de 4 sacs d’engrais chimique, 10 houes, 5 pelles,1 pompe et 1 brouette et 4 petites pompes de 4 litres d’eau chacune. En 2008, j’ai reçu un cadeau délivré au niveau national aux cultivateurs qui font des pratiques agricoles moderne. Ce cadeau était composé de 2 pompes, 5 brouettes, 6 sacs de 50 kilogrammes d’engrais chimique, a révélé NTIRAMPEBA Odette, a révélé Odette. »

6. Pourquoi est-ce important pour Odette NTIRAMPEBA de se réunir entre femmes ?

Odette a fait savoir que c’est un avantage pour elle car elle a bénéficié tant de choses en se réunissant entre les femmes car si les femmes sont groupées en association, elles renforcent leur autonomie économique et sont mieux à même de subvenir aux besoins familiaux et de satisfaire certains désirs personnels. Une association renforce la mobilité des femmes et leur permet de prendre une part croissante à l’intégration du monde rural à un environnement économique et socioculturel plus large et plus diversifié. Cette association leur permet aussi de développer un réseau de solidarité en dehors des liens de parenté.

Elle a indiqué les femmes groupées en association nouent des relations avec les organisations de développement susceptibles de leur apporter reconnaissance sociale et soutien économique. Une association donne la possibilité aux femmes d’exprimer leur individualité à l’intérieur d’espaces socialement reconnus. Elle offre un espace à l’épanouissement personnel, un espace où les femmes peuvent faire valoir leur personnalité, leur influence dans les prises de décisions et peuvent se livrer à quelques activités rémunératrices comme l’agriculture, le maraîchage, le petit élevage, les activités commerciales ou ouverture d’une boutique villageoise et peuvent aussi mener des activités de transformation agro alimentaire, etc.

7. Quels apports pour Odette de se réunir entre les femmes ou pour son exploitation ?

NTIRAMPEBA Odette a dit qu’avant de se réunir entre d’autres femmes, elle était timide et ne savait pas parler en public mais que maintenant même devant le président de la République, elle peut s’exprimer librement. Maintenant Odette est invité dans des réunions organisées par le BPEAE (Bureau Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage), les autorités communales et provinciales s’ils veulent qu’elle contribue ses idées en rapport avec les associations ou les coopératives ou en rapport avec le développement spécialement l’agriculture et l’élevage. En l’an 2020, elle a été supplié pour représenter les femmes de la province Bujumbura rural au niveau national dans la réunion qui s’est tenue en province de Rumonge. Odette a dit aussi qu’elle est en train de mobiliser les autres femmes pour faire un plaidoyer sur la loi d’hériter en famille pour une femme ou fille.

8. Quels sont les conseils d’Odette à l’endroit de toutes les femmes qui souhaitent se lancer en agriculture ?

Même si les femmes rurales enregistrent aujourd’hui une avancée remarquable en matière d’autonomisation, des barrières existent encore. Pour affronter alors ce secteur agricole majoritairement masculin afin de s’autonomiser, NTIRAMPEBA Odette interpelle les autres femmes rurales à se regrouper en associations ou coopératives pour qu’aucune femme ne travaille en solo car pour elle, l’union fait la force, faire partie d’une coopérative facilite la levée des obstacles qui freinent la femme rurale dans ses efforts pour le développement. Elle interpelle les femmes de s’atteler aux activités rémunératrices et ne pas attendre leurs maris de leur procurer de l’argent. Elle lance aussi un appel vibrant aux femmes de s’unir pour échanger des idées et des connaissances, d’éviter la malversation de leurs avoirs et de ne pas contracter les dettes inutiles, d’initier des projets de développement, et faire enregistrer leurs propriétés pour qu’elles utilisent des titres de propriété pour demander des crédits auprès des microfinances ou banques pour s’autonomiser.

Par Abel KAGWIRA


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